Les coupables et les victimes

Richard Hoggart dans son ouvrage « la culture du pauvre », étudie les styles de vie des classes populaires, il y explique notamment comment la contraction de dettes est perçue négativement dans les ménages populaires qu’il étudie. Aujourd’hui, le recours au crédit à la consommation semble être devenu banal. Ce dernier par ailleurs sans cesse légitimé dans les discours politiques en tant qu’il est nécessaire à la « croissance ». S’il pose parfois problème – c’est-à-dire lorsqu’il devient surendettement, c’est lorsqu’il a été octroyé à des catégories de population qui manquent d’informations nécessaires à son bon usage ou qui sont plus que d’autres vulnérables aux « accidents de la vie ». Au-delà de ce discours habituel, notre analyse vise à s’intéresser aux représentations du surendettement qui sont développées chez les surendettés. Nous avons choisi d’organiser notre propos autour de deux grands axes : d’un côté, l’endetté coupable, de l’autre, l’endetté victime. Nous nous sommes alors demandés comment se construisent les différentes représentations sociales de l’endettement chez les endettés et les professionnels en chargent du surendettement ? Comment le surendettement est-il parfois amené à devenir un stigmate ? À quels facteurs tiennent finalement les différences de point de vue ?

Dans une première partie nous verrons dans quelle mesure l’endettement peut être vécu comme un stigmate, puis comment les proches ou l’entourage peuvent être la source du sentiment de culpabilité de l’individu endetté, enfin, nous étudierons le discours de certains banquiers qui oscille souvent entre point de vu moralisateur et compassion. Dans une deuxième partie, nous verrons que l’endettement peut au contraire être vécu comme une situation dont les interrogés se sentent victimes. Nous verrons alors à qui la faute est imputée. Nous nous appuierons alors principalement des travaux du sociologue Sébastien Plot dans son ouvrage « Du flambeur à la victime » ainsi que de ceux d’Erving Goffman, dans « Stigmate, les usages sociaux des handicaps ».

Le surendetté coupable

Le surendettement : Un stigmate

Dans cette première sous-partie nous verrons comment le surendettement peut devenir un stigmate. C’est Erving Goffman qui a fait du stigmate un concept sociologique. Selon lui le stigmate se définit dans le regard d’autrui et renvoie à l’écart à la norme : est alors victime de stigmate toute personne qui ne correspond pas à ce qu’on attend d’une personne considérée comme « normale ». Dans nos sociétés modernes où l’individu se doit d’être autonome et indépendant, le surendettement et souvent la perte de ressources économiques qu’il entraîne, peuvent donner à l’individu un sentiment de honte et devenir un stigmate. Le surendettement peut également être analysé comme un stigmate dans la mesure où il participe souvent à une forme d’auto-exclusion de l’individu.

« J’avais honte de devoir être tributaire de quelqu’un. Je suis quelqu’un d’assez autonome et d’indépendant donc j’appréhendais c’est normal… Quand tu deviens officiellement un cas soc’, parce que c’est ça véritablement, tu prends un sacré coup dans ton orgueil. »(Homme, 54 ans, vivant seul, handicapé et sans emploi)

Le surendettement lorsqu’il s’accompagne d’une précarité financière est vécu comme une perte de statut pour l’individu. Il semble que l’analyse de l’épreuve du chômage de Dominique Schnapper dans le titre éponyme s’applique trait pour trait au surendettement. Cette dernière explique qu’il faut comprendre l’épreuve du chômage par rapport à la valeur sociale accordée au travail dans nos sociétés. Le travail étant perçu comme le mode privilégié de réalisation de l’homme, il apporte aux individus un sentiment d’utilité et une reconnaissance sociale, par conséquent, le chômage est vécu comme une épreuve car il dévalorise socialement l’individu.

« Souvent je culpabilise de ne pas pouvoir lui donner tout ce qu’elle mériterait. Je me sens complexé et frustré, je voudrais pallier aux besoins de ma fille pour ses études, ses loisirs ou tout simplement pour ses envies, j’aimerais participer, aider sa mère mais je ne peux pas. »

C’est aussi un sentiment de culpabilité qu’éprouve l’individu lorsqu’il n’est plus en mesure d’assurer ses devoirs, dans le cas présent l’individu étant sans ressources, il n’est plus capable d’assurer son rôle de père et le vit comme un manquement à ses devoirs. Le surendettement entraînant parfois l’individu dans une précarité financière peut nuire aux liens sociaux de l’individu. Dans le cas de ce père, les relations avec sa fille sont misent à mal puisque qu’il est dans l’incapacité de remplir ses responsabilités paternelles (participation aux frais scolaires, loisirs…).

« j’ai plus d’amis. Je n’ai même plus envie d’aller vers les gens… Pour leur dire quoi ? Ma vie est insipide, je ne fais plus rien, que veux-tu que je leur dise ? Rien. (…) Pour ce qui est de l’amour, ça fait longtemps que j’en ai fait abstraction, que je me suis interdit d’aimer par rapport à ma situation. »

La citation exprime l’isolement social auquel peut conduire le surendettement. L’individu interrogé se sentant dévalorisé socialement de sa situation financière s’interdit toute forme de vie sociale. Sa situation vécue comme un stigmate, le marginalise. En effet, la personne stigmatisable s’attache au contrôle de l’information à l’égard de son stigmate (le cacher, le dire à certains, le révéler). Selon Goffman, la personne stigmatisée doit gérer la tension entre la norme sociale et la réalité personnelle (être confrontée aux réactions gênées de son entourage par exemple). Elle se trouve généralement réduite à son stigmate : toutes ses actions sont interprétées à travers ce prisme. Dès lors, elle est séparée des normaux et tombe dans l’isolement.

Après avoir évoqué le cas de cette personne surendettée et isolée, tournons-nous vers le cas d’un étudiant endetté au titre de ses études. Nous aimerions ensuite démontrer que l’endettement étudiant, quant à lui, n’est pas appréhendé de la même manière. En effet, les individus interrogés semblent moins affectés par leur situation financière. Nous avons alors émis l’hypothèse que leur jeune âge contribue finalement à modifier leur représentation. Le fait qu’ils bénéficient d’une aide parentale et n’aient pas encore de réelles obligations financières leur permet de prendre de la distance. De plus, le fait que la dette ait été contractée dans le cadre d’un projet de réussite professionnelle lui confère un caractère provisoire et plus positif. La dette est aussi entourée de perspectives d’avenir particulières. (S’endetter pour un meilleur avenir).

 

« J’en suis conscient, mais ça ne m’affecte pas tous les jours. Je ne me fais pas de souci je me dis que pour l’instant ça va et je m’en ferais quand il faudra s’en faire. » (Étudiant en école d’ostéopathie)

Le surendettement devient un stigmate lorsqu’il s’accompagne d’une perte de statut, lorsque l’individu n’est plus dans la mesure de remplir ses obligations sociales. Tous les endettements, même lorsqu’ils sont importants au regard des revenus actuels des individus ne mènent pas à une représentation du surendettement en termes de stigmate.

 

Proches culpabilisateurs

Le sentiment de culpabilité naît parfois du regard que portent sur eux leurs proches. C’est particulièrement le cas dans l’endettement étudiant puisque les individus se sentent souvent redevables de l’aide que leur apportent leurs parents ou honteux de l’image qu’ils leur renvoient. L’endettement n’est alors plus un stigmate au regard de la société mais davantage dans le prisme de celui des proches, particulièrement lorsqu’ils sont directement impliqués dans le recouvrement de la dette.

« Maintenant que je travaille c’est plus sympa parce que avant j’étais juste sur l’argent de mon père du coup je culpabilisais par rapport à lui, je me sentais obligé de rentabiliser l’argent (…) mes parents ont prévu de déménager de leur maison, ils vont la vendre et il va vouloir me le payer. Je vais devoir refuser, ça me fait chier. »

L’étudiant interrogé a ici le sentiment d’être une charge supplémentaire pour ses parents de par le crédit qu’il a souscrit. Si le fait de travailler lui permet de se sentir moins dépendant vis-à-vis de ses parents, l’individu exprime tout de même une appréhension quant aux répercussions que pourrait avoir son endettement sur la situation économique de ses parents (vente de la maison familiale).

« Ca me fout la honte. Autant ma famille mes grands-parents j’en ai franchement rien à foutre, mes cousins tout ça j’en ai rien à foutre. Mais c’est juste vis à vis de ma mère en fait, parce que elle paye l’école j’ai retapé, c’est elle qui paye le redoublement. »

 

Dans le cas présent, c’est la mère de l’étudiant qui a contracté le crédit. L’étudiant se sent dès lors redevable de sa mère et coupable de lui imposer cette situation.

Comme nous l’avons vu, le regard du proche peut devenir culpabilisateur notamment pour les étudiants amenés à contracter des crédits pour payer leurs études et qui deviennent alors dépendants de l’aide financière de leurs parents. L’étudiant adopte alors deux types de comportements pour pallier ce sentiment de culpabilité : soit il travaille à côté de ses études pour participer au remboursement de sa dette, soit il redouble d’efforts et s’investit davantage dans ses études pour prouver que l’investissement financier en vaut la peine.

Discours de certains banquiers (Quels sont les facteurs qui influencent leurs jugements ?)

Il n’y a pas que les proches qui assignent des étiquettes, les professionnels en lien avec la gestion des revenus des ménages, tels que les banquiers, sont également des producteurs de jugement. D’après les entretiens, les banquiers continuent d’exprimer un jugement moralisateur et n’hésitent pas à accuser clairement le mode de vie des individus en proie au surendettement. Certains banquiers voient ainsi en eux des individus dépensiers voire flambeurs et attribuent la cause de leur surendettement à leurs pratiques. Néanmoins, on notera que le vécu du surendetté joue sur les représentations que le banquier se fait de son client et qu’il agit souvent en conséquence.

« Cette dame était surendettée car elle était trop dépensière. Elle faisait des crédits, pour dépenser. Elle a fait un crédit pour acheter une voiture, elle a mis 15000 euros, ok je conçois pour une voiture, c’est normal. Mais elle a fait des crédits pour partir en vacances… (…) Voilà c’était que des crédits comme ça qu’elle a fait, juste pour dépenser. Elle a les derniers sacs à main, dernières chaussures, voilà, c’est que pour dépenser. Souvent on a des clients qui sont trop dépensiers. »

« Il faut aussi penser à ses enfants. On ne peut pas dépenser comme ça. »

Cette situation est intéressante car le banquier accuse ici sa cliente surendettée d’être responsable de ses dettes. Il lui reproche d’être trop dépensière et juge clairement la nature de ses dépenses, des dépenses qu’il ne juge pas légitimes. Le banquier tient alors ensuite un discours très moralisateur. Il reproche à sa cliente son irresponsabilité et remet presque en question sa qualité de mère.

« Si c’est une dette de quelqu’un qui veut juste dépenser dans des fringues et juste pas payer son crédit, qu’elle a pris pour payer ses fringues, même si on connaît la personne, on lui dira « non mais là, tu déconnes ». Mais après, si c’est un client comme le monsieur qui a perdu sa femme et ses enfants, oui forcément quand il vous raconte l’histoire, là c’est différent. »

On comprend dans cet extrait de citation que les banquiers catégorisent leurs clients surendettés : les mauvais et bons surendettés. Les mauvais sont coupables de leur situation puisqu’ils sont perçus comme flambeurs, les bons en sont victimes, ce sont les individus ayant été confrontés un accident de la vie (décès, maladie…).

Nous avons donc vu que les banquiers catégorisent leurs clients, et pour beaucoup d’entre eux ne sont pas dans une attitude compréhensive vis-à-vis de l’endettement. Nous pouvons le constater dans les citations retenues où les banquiers eux-mêmes ne se cachent pas de juger les personnes, mais également de favoriser ou non un client en fonction de son histoire.

Le surendetté victime

La faute aux banques ou organismes de crédit

Pour certains surendettés, la « faute » est imputée aux banques et lesquelles les ont laissé faire ou bien lesquelles ont manqué de responsabilité notamment lors de la phase de souscription des crédits à la consommation.

« Quand j’ai fait mon troisième crédit, j’l’ai fait sur internet, au travail je me souviens parce que j’avais pas d’ordi chez moi. Ils m’ont demandé rien, mais rien. Ils m’ont demandé mes salaires, je les ai noté, les impôts, je les ai noté, « vous avez d’autres crédits ? » j’ai marqué non. Et ils ne se sont pas renseignés. Mais ça en fait, ça m’a directement fait chuter et puis j’avais perdu mon travail à temps plein. Moi c’est vraiment ces deux choses-là qui m’ont fait chuter, c’est surtout la facilité du crédit revolving, c’est attirant. »

Dans cette citation, une femme de 45 ans, ancienne endettée, explique qu’elle juge trop facile de souscrire un crédit sur internet. En effet avec le développement des nouvelles technologies, des pratiques pourtant lourdes d’engagements sont désormais facilitées. Ce mode de souscription de la dette se réalise dans un moindre contrôle de la capacité de remboursement de l’individu. L’interrogé remet en cause ce système tout en reconnaissant y avoir eu recourt. Elle le tient pour responsable, regrettant de ne pas avoir été suffisamment contrôlée et mise en garde. En effet, dans l’entretien, l’interrogé énonce avoir menti en répondant aux questions qui lui ont été posées en ligne, dissimulant ainsi le fait de déjà avoir des crédits en cours.

« Le problème c’est que la pression des banques, ce qui beaucoup de gens ne savent pas d’ailleurs, la pression des banques est tellement forte sur les crédits immobiliers quand y’a un non-remboursement, que les gens souvent prennent des crédits. »

Plusieurs des individus interrogés ont témoigné d’une grande méfiance vis-à-vis des banques et des organismes de crédit. Nous avons ainsi pu relever la présence de nombreux qualificatifs péjoratifs. Ils sont ainsi souvent dépeins « sans pitié » et sans compassion vis-à-vis de leurs clients. Pire encore, il leur est souvent reproché de profiter des faiblesses et parfois du manque d’information des individus.

L’article de la sociologue Ana Perrin-Heredia intitulé « Les logiques sociales de l’endettement : gestion des comptes domestiques en milieux populaires » illustre à partir de l’étude de cas d’une famille ouvrière la violence symbolique des rapports qu’entretiennent les individus des classes populaires avec les représentants des institutions bancaires. La mère de famille a ainsi contracté une assurance vie à « petits-budgets » que les membres de sa famille n’ont pas touché au moment de son décès mais pire encore continuent de payer après sa mort. Mal informée au moment de la souscription de cette assurance, la famille n’avait en effet pas lu que celle-ci ne s’appliquait pas en cas de décès pour cause de maladie. Les membres de la famille se sentent alors victimes d’une escroquerie et ne considèrent pas les banquiers comme des personnes « ayant du cœur ». Prendre en compte l’exemple de cette famille en comparant leurs compétences économiques et celles attendues par les agents des institutions financières, permet en effet de mettre en avant une illusion mal fondée entre les deux parties. La souscription de crédit tout comme dans le cas présent, celle d’une assurance vie, nécessite la compréhension d’un vocabulaire que toutes les catégories sociales ne maîtrisent pas. Mal informé, l’individu peut s’exposer non seulement à payer des frais imprévus mais aussi à souscrire des produits commerciaux ou financiers loin de lui être avantageux et qui sont susceptibles de l’entraîner au surendettement.

Aux proches ou à un tiers

Dans d’autres cas, l’individu est ou se sent victime des agissements d’un tiers. La responsabilité de son surendettement est alors reportée sur autrui. En effet, il peut alors s’agir par exemple, d’un ex-conjoint ayant souscrit des crédits au nom de son épouse sans l’en avertir ou ayant d’importantes dettes alors restées secrètes.

« Mon mari à l’époque, il était interdit bancaire, donc pas le droit aux crédits. Donc, à chaque fois qu’il voulait acheter un truc il faisait un crédit à mon nom c’était dégueulasse que je sois dans cette situation alors que tout était à cause de mon ex-mari. »

 

Dans le cas de cette femme, la faute est attribuée à son ex-compagnon, celui-ci ayant souscrit des crédits en leurs deux noms alors qu’ils étaient encore mariés. Le surendettement est alors vécu comme une injustice par l’individu. En effet car les dettes contractées par les époux mariés sans contrat, donc sous le régime de la communauté légale, sont communes. La loi stipule alors que les dettes engagent tous les biens et les revenus des deux époux. Une solidarité dans le cas présent subie mais qui reste à l’œuvre après une séparation, pour les dettes non liquidées à cette date.

« Donc si vous voulez heu il y a quand même de l’argumentaire. C’est quand même eux qui m’ont placé j’ai eu tort de les suivre mais vu qu’il m’avait suivi dans mon ancienne boulangerie…Ça se passait comme ça… et le meunier est quand même responsable de ce qu’il fait. Et le meunier ils m’ont suivi, je leur faisais confiance aussi quoi mais il y a un rapport de confiance qui à faire que ils m’ont prêté et je leur doit 20 000 mais ils m’ont pas prêté pour le four. »

 

Dans ce cas, un pâtissier qui exerce depuis l’âge 16 ans décide de reprendre une boulangerie à 57 ans. Une mauvaise estimation de la valeur du commerce et semble t-il une mauvaise gestion de l’établissement ont fini par le conduire au surendettement. Dans l’entretien, il reporte la faute sur une tierce personne. Un « meunier » qui l’aurait conseillé à de nombreuses reprises et aurait également participé au rachat de l’entreprise. Si l’enquêté reconnaît avoir fait des erreurs, notamment concernant la gestion de l’affaire, il accuse aussi son associé. Si l’entretien ne dévoile pas entièrement le déroulement de l’histoire, on comprend rapidement que le boulanger se présente davantage comme victime que responsable de sa situation. L’individu se sent en effet victime des mauvaises intentions d’un tiers. Son endettement est alors interprété éventuellement comme la cause de sa naïveté mais en aucun cas en tant que conséquence de ses actes.

Lorsque l’individu impute les causes de son surendettement à l’un de ses proches, cela est la plupart du temps révélateur de relations conflictuelles. Désengager sa responsabilité dans les raisons de l’endettement permet dans une certaine mesure à l’individu ne pas réviser ses actes.

 

À la société de consommation

Enfin, dans cette ultime sous-partie, nous verrons que le rejet de la faute peut aller encore plus loin. C’est alors la société toute entière qui est accusée. Une société d’hyperconsommation dans laquelle l’individu est souvent poussé à l’achat. Ce sont également les nouvelles technologies qui sont ici pointées du doigt et l’achat en ligne qui facilite la consommation.

« La société d’aujourd’hui, c’est-à-dire la société d’hyperconsommation avec l’hyperconsommation qui développée économiquement dans le monde, c’est quasiment sûr et certain, qu’une personne seule qui est en dessous du minimum du reste à vivre, avec un crédit, le surendettement va arriver. »

 

Dans le discours de cette banquière de 26 ans, la société d’hyperconsommation est clairement mise en cause. En effet, l’accusation est alors portée sur une société qui incite sans cesse l’individu à consommer, posséder, acheter, à se renouveler que ce soit en électroménager mais aussi dans les nouvelles technologies indépendamment du fait qu’il ait ou non les capacités financières qui le permettent. Un système le conduit presque inévitablement à envisager le recourt au crédit comme nécessaire et où l’endettement est finalement présenté comme un passage obligé dans une vie. La banquière pourtant partie prenante de ce système mais consciente de ces limites présente alors un point de vue déculpabilisateur du consommateur.

« Les établissements peuvent pousser à la consommation (…) le fait que tu aies autant de possibilités sur internet en deux, trois clics de pouvoir emprunter ou euh … de pouvoir faire des demandes de réserves ou autre. C’est vrai que ça devient … c’est la porte ouverte à tout. »

 

Dans la citation précédente, la directrice adjointe d’une agence bancaire accuse la facilité avec laquelle il est aujourd’hui possible de souscrire des crédits sur internet.

 

 

 

 

 

Bibliographie :

 

– Goffman Erving, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, 1963 ; traduit de l’anglais par Alain Kihm, Éditions de Minuit, coll. « Le Sens Commun », 1975

– Hoggart Richard, La culture du pauvre [« The Uses of Literacy:Aspects of Working Class Life »], Editions de Minuit, 1970, 424 p.

– Perrin-Heredia Ana, Les logiques sociales de l’endettement : gestion des comptes domestiques en milieux populaires, Sociétés contemporaines 4/2009 (n° 76) , p. 95-119

– Plot Sébastien, Du flambeur à la victime ? Vers une problématisation consensuelle du surendettement, Sociétés contemporaines 4/2009 (n° 76) , p. 67-93

– Schnapper Dominique, L’épreuve du chômage , 1981, Collection Folio actuel (n° 42)

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